Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
maliinchallah 10
1 janvier 2017

Médine

 

Médine est aujourd'hui un village ordinaire à 10 km de la grande ville : Kayes. Mais vers 1850 c'était la plus grande ville de la région, cité commerciale et prospère de 12.000 habitants. Médine, comme Kayes, est construite sur le bord du fleuve Sénégal, qui se jette dans l'océan à quelques 1.000km à l'ouest. La ville de Saint Louis, à l'embouchure du fleuve est un comptoir commercial pour les européens depuis le seizième siècle. Mais jusqu'au début du dix-neuvième, les européens sont restés prudemment cantonnés sur la côte. A cette époque, les commerçants ont commencé à remonter le fleuve pour créer des comptoirs de commerce, vite rejoints par l'armée qui y construisait un fort pour les « protéger ». Médine fut le premier comptoir au Mali, pays qui n'existait pas à l'époque, la zone étant nommée « Soudan ». Ce fut Mr Duranton qui s'y installa le premier. Il fit alliance avec le roi de la région, épousa sa fille avec la quelle il eut trois enfants, et développa brillamment le commerce de Médine. En 1855, l'armée française passa un accord de protection de la ville et du roi contre ses ennemis, et y construisit un fort que nous avons visité.

El Hadj Oumar Tall était à l'époque un roi Toucouleur à la conquête d'un empire. Il prétextait déjà le développement de l'Islam rigoriste pour justifier ses guerres entre musulmans. Ses conquêtes étaient d'une violence extrême, puisque chaque village conquis était détruit par le feu, les hommes tués ou enrôlés de force dans son armée, les femmes et les enfants emmenés en esclavage dans son royaume. En 1857, il jeta son dévolu sur le petit royaume de Médine, et attaqua la ville et le fort. Le responsable pour les français, en était Paul Holl, un métis de Saint Louis, dont les habitants étaient français de plein droit. Il était civil et commerçant. Avec lui résidaient 10 militaires blancs et 60 noirs. L'armée d' Oumar Tall était forte de 23.000 hommes. Mais ils ne disposaient que de vieux fusils à un coup de faible portée. Lorsque les 20.000 guerriers chargèrent pour s'emparer du fort, ils furent accueillis par quatre mitrailleuses lourdes et deux canons qui tiraient à la mitraille. Et au bout de quelques minutes ils durent se retirer à l'abri en laissant plusieurs centaines de morts aux abords du fort. Ils venaient de faire la connaissance des armes de destructions massives des européens. Après deux autres tentatives d'attaques frontales avec des résultats identiques, ils changèrent de tactique et assiégèrent le fort. Dans le fort, la situation était sérieuse : beaucoup de villageois s'y étaient réfugiés, les vivres étaient limités, et heureusement un puits donnait de l'eau potable. Au bout de trois mois, la situation était désespérée, il n'y avait plus de vivres, et très peu de munition, et Paul Holl envisageait de faire sauter le fort avec ce qu'il restait de poudre, car la reddition équivalait à une mort certaine. Heureusement, ils furent sauvés par le capitaine Faidherbe, qui arriva juste à temps avec sa colonne de secours . Ils étaient venu par bateau sur le fleuve, mais avaient du attendre la montée des eaux pour passer les bas fonds qui rendaient le fleuve navigable que quelques mois par ans.

Toute cette histoire nous fut rappelée par le guide qui nous fit visiter le fort avec Kadidia ainsi qu'avec un groupe d'une dizaine de personnel de la santé de Kayes. Leur responsable s'exprimait bien et posait beaucoup de questions. En fin de visite, nous discutions tous ensemble, et je me suis permis de lui demander s'il jugeait l'intervention de l'armée française à Médine comme positive ou négative. Se première réponse fut : avez vous apprécié que les Allemands vous envahissent en 1940. Mais l'un d'entre eux dit que cela n'était pas comparable, les français s'étaient installé pacifiquement à Médine, avec l'accord du roi, et en payant l'achat du terrain pour construire le fort ; les envahisseurs étaient les Toucouleurs. Et le responsable trancha en disant que les Français avaient des armes de destruction massives, et que donc il se rangeait du côté des moins forts.

Publicité
Commentaires
C
Intéressant cette tranche d'histoire et bien racontée. merci, bises,
M
Bonne année à vous deux. Est ce que Jean Pierre a reçu ce que je lui ai envoyé et est-ce que ça répond à sa demande?
Newsletter
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Publicité